Carnet de recherche n°3
Je rédige actuellement un mémoire sur « Les enjeux du livrable dans la valorisation et l’appropriation du projet : vers une narration transmédia des démarches de design de service public ». Après avoir créé une définition collective du livrable et l’avoir distingué de la notion d’outil, je cherche maintenant à étudier les différents types de livrable, leur rôle et leurs formats en m’appuyant sur l’analyse des pratiques des designers.
Si vous avez quelques minutes, n’hésitez pas à commenter pour améliorer cette classification des livrables du designer de service public.
Plan des articles du carnet de recherches
Carnet de recherches n°1 : Définition collective du livrable
Carnet de recherches n°2 : Classification des outils du designer
Carnet de recherche n°3 : Les livrables du designer de service public
Atelier Design my Data Skills : Cartographier ses compétences
Les typologies de livrable final :
les livrables de synthèse et les livrables du projet
Le designer de service public peut produire plusieurs types de livrable à la fin du projet : les livrables de synthèse et les livrables du projet. Tout d’abord, les livrables de synthèse vont permettre de documenter, expliquer et valoriser le processus. C’est-à-dire les étapes du projet et la méthode utilisée qui permettent d’apporter une solution au problème du commanditaire . Puis, les livrables du projet correspondent à la matérialisation de la solution. Bien souvent, il s’agit de préconisations, d’un cahier d’idées, d’un scénario d’usage, d’un prototype ou des résultats des tests utilisateurs.
Ces éléments peuvent donc prendre la forme d’un livret, d’un poster, d’un rapport, d’un diaporama, d’un dispositif numérique, d’une vidéo, d’une production graphique ou encore d’une maquette… Leur format dépend du contexte, de la nature et de la temporalité du projet. Par exemple, un scénario d’usage (étape d’utilisation d’un service ou d’un produit) pourra prendre la forme d’un schéma qui illustre un poster ou d’une vidéo.
En observant la pratique des designers, on observe que les livrables de synthèse sont souvent des supports textuels et visuels comme des carnets, des posters, un diaporama, un article sur une page internet… Tandis que les livrables du projet privilégient plutôt des formats physiques, interactifs ou expérientiels comme un dispositif numérique ou un prototype. Néanmoins, tous les projets ne permettent pas d’aller jusqu’à la phase d’expérimentation ou de prototypage. Il s’agit des phases dans lesquelles le designer matérialise les idées issues de la phase d’idéation. Dans ce cas, les livrables du projet ressemble également à des documents textuels et visuels comme les livrables de synthèse.
Du jalon au livrable intermédiaire :
les marqueurs temporels et organisationnels du projet
Nous avons pu voir qu’il existait deux types de livrable final : les livrables de synthèse (processus) et les livrables du projet (les solutions). Il existe néanmoins un troisième type de livrable : les livrables dit « intermédiaires ». Qu’est-ce qu’un livrable intermédiaire ? Quel est son rôle par rapport aux livrables de fin de projet ?
De manière générale en management de projet et en design, la réalisation d’un livrable final dépend de la production d’un livrable précédent qui correspond à une phase amont du projet. Ces livrables intermédiaires correspondent à des jalons de projet. De l’anglais “milestone”, un jalon correspond à un moment précis dans les étapes d’un projet. Il permet de “mesurer les progrès d’un projet vers son objectif ultime” en marquant le passage d’une phase à une autre phase. À la fois support de restitution et de discussion le jalon marque les temps forts d’un projet et les prises de décision.
Contrairement au livrable, le jalon représente qu’une étape vers le résultat et n’est pas forcément transmis au client. Par conséquent, les jalons sont également des outils pour le prestataire qui l’aide dans l’élaboration du projet, car ils sont produits tout au long du projet. C’est pourquoi le livrable et les jalons servent d’indicateurs temporels, car leur réalisation signifie une avancée dans le projet. Pour la suite de notre recherche , le terme de “livrable intermédiaire” correspondra à un jalon transmis au commanditaire et le terme “livrable final” à une production délivrée au commanditaire à la fin un projet.
Donc, les livrables intermédiaires sont des marqueurs temporels du projet et de l’évolution de celui-ci. Tout comme les objets intermédiaires et les objets frontières 1, ils “sont des traces de l’émergence du produit et de la construction progressive à la fois du problème et de la solution.” Ils correspondent au passage d’un type de représentation et/ou d’un langage à un autre. Donc, la nature des livrables suivants est différente de celle du précédent. Ainsi, on observe une évolution des formats de livrables intermédiaires au fur et à mesure de l’avancer du projet. Par exemple, le passage d’un mindmap (mots) à un croquis (visuel), puis à une maquette (volume). Une fois passé à l’objet suivant il y a peu de retour en arrière. Cela crée donc un phénomène d’irréversibilité dans le processus de design. Les livrables intermédiaires agissent comme des révélateurs de l’organisation temporelle du projet.
1. Dominique Vinck “De L'objet Intermédiaire à L'objet-Frontière.” Revue D'anthropologie Des Connaissances, vol. 3, 1, no. 1, 2009, p. 51 2. Citation de l'article "What is a Project Deliverable?
Atelier Design my Data Skills : Cartographier ses compétences
écrit par Erika Cupit– Designer de service public