Le Labo² : Laboratoire des usages de la médiathèque de Nîmes (podcast)

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Dans ce nouveau podcast, vous découvrirez le travail de Alexandre Simonet au sein du Labo², le laboratoire des usages de la médiathèque du Carré d’Art de Nîmes. Il accompagne les publics pour concevoir des projets culturels et numériques comme Géoproject et un escape game numérique lors du Nîmes Open Game Art.


Plan de l’article

Alexandre Simonet, son parcours et sa vision sur le domaine culturelle [00:10]

La création du du Labo², le laboratoire des usages [07:25]

Les projets du Labo² : Nîmes Open Game Art et Géoproject [19:26]

Conseils et évolution du métier [39 :00]


 » J’ai toujours été intéressé aussi par les approches de la production parce que je m’aperçois aussi qu’il n’y à pas qu’une pensée et qu’il faut œuvrer pour les diffuser et les partager. Il faut pour les refaire « descendre sur terre » les matérialiser soit sur des supports livres, CD, films … C’est exactement si ce qui est à l’œuvre avec le numérique de nouvelles matérialités qu’il faut dompter. Donc si on s’intéresse aux contenus et aux usages, il faut aussi s’intéresser aux dispositifs et au milieu dans lequel ils s’insèrent. Il y a aussi une certaine complexité à appréhender. « 

Alexandre Simonet – Labo²

Alexandre Simonet, son parcours et sa vision sur le domaine culturelle [00:10]

Au cours des études dans une faculté d’histoire, Alexandre Simonet devient manager et producteur d’un groupe de musiciens. Puis, il se passionne pour les musiques amplifiées. Il aura l’opportunité de travailler pour le chantier culturel de Florida à Angers pour accompagner les groupes de musiques et faire le lien entre les musiques et les arts numériques. Quelques années plus tard, Alexandre Simonet intègre le Labo², le laboratoire des usages numériques de la Médiathèque du Carré d’art de Nîmes. Il est chef de projet en charge des aspects de prospective et de médiation autour des arts et des cultures numériques.

 

« C’est un peu particulier comme positionnement puisque j’occupe un poste qui n’existe pas finalement dans les métiers du bibliothécaire. Ce positionnement singulier a commencé il y a une vingtaine d’années avec le développement des cultures numériques (les cultures dites « multimédia »), notamment à travers un programme national sur les espaces culturels multimédia pour accompagner le développement des technologies en lien avec l’art et la culture, et plus particulièrement aux arts numériques.

[…]

J’estime aussi que les lieux culturels sont là pour écouter être des vigies des pratiques culturelles qui émergent au sein de la société. On est là pour accompagner, révéler, diffuser et être disponible pour ne pas que ces pratiques restent dans le cadre domestique ou privé, mais trouvent une expression dans le cadre de la société. »

 

Qualité pour exercer ce métier [04:08] 

 

“L’ouverture d’esprit, j’ai aussi mes préjugés des entêtements, mais en général quand quelqu’un arrive avec un projet ou une demande je n’ai pas d’a priori. Je pense que ce qui me caractérise c’est à dire c’est d’abord une écoute très large et qui dépasse on va dire le cadre que pourrait imposer une institution. En fonction du projet ou de la demande et des compétences que je peux mobiliser et du projet global de la structure, il y a des choses qui pourront se faire et d’autres pas. […]“

 

Les problématiques de la cultures en France [05:33] 

“C’est toute l’histoire de la culture en France et notamment des lieux culturels qui sont très axés sur la diffusion et très peu sur l’accompagnement des publics ou l’accompagnement des artistes, très peu sur la formation, très peu sur comment on tire parti finalement de la culture à des fins développement local à des fins d’insertion sociale. […]  ”

 

 » C’est une problématique qu’il a fallu  résoudre : comment un laboratoire qui par définition travaille sur de la prospective des usages sur deux à cinq ans ne prend pas trop d’avancé par  rapport au « bateau amiral » ? Comment un laboratoire ne secoue pas trop le  personnel et les publics qui fréquentent la bibliothèque ?  Ils ne sont pas forcément au courant de ce qu’on fait. « 

Alexandre Simonet – Labo²

La création du Labo², le laboratoire des usages [07:25]

Un essor, grâce aux labellisations

“Auparavant, le Labo² n’existait pas quand je suis arrivé. Je suis venu ici essentiellement pour sauver la labellisation des Océanes que la Médiathèque avait. Cette labellisation permettait si on respectait un certain cahier des charges d’obtenir une subvention sur le fonctionnement annuel. Pour cela, il fallait mettre en place le programme d’animations culturelles autour du numérique accompagné par un médiateur en direction des publics les plus éloignés. Suite à la suppression de cette subvention en 2007, il a fallu trouver de nouvelles approches et du coup j’ai vu un entre-deux entre la forme de l’ECM, une nouvelle labellisation via la numérisation des collections.”

 

Fonctionnement et mission du Labo² au sein de la médiathèque : entre disruption et accompagnement [11:00] 

« Depuis, 10-15 ans, on travaille avec des artistes numériques pour être confronté à une approche singulière avec un regard critique. Ils ont aussi des compétences techniques et une maîtrise des langages avec une plasticité des interfaces. Du coup, ces compétences sont présentes à chaque fois dans les différents projets. J’essaye de les réinjecter dans trois axes :

  1. une nouvelle forme de narration
  2. une nouvelle forme d’écriture : c’est l’art de la programmation. C’est la découverte de la pratique des artistes numérique à travers l’écriture du code et leur un regard critique
  3. le lien ou le rapport entre le jeu vidéo, qui se matérialise par la création du festival Nîmes Open Game Art (NOGA) »

 

Collaborer dès le départ avec des artistes numériques

“Pendant 15 ans, j’ai vu un certain nombre de phénomènes et j’ai eu des intuitions qui  m’ont permis  de positionner Labo²  sur des champs de l’innovation sociale à un moment où le champ économique n’était pas encore présent. Il y avait dans mon intuition un certain nombre de réflexions qui ont émergé, mais qui ne trouvaient pas de formalisation.

Par exemple, l’artiste numérique Jean Luc Lamarre a inventé très tôt ce qu’on pourrait appeler aujourd’hui la web d’application. C’est-à-dire à partir du web permettre à des internautes de  pouvoir produire du contenu en temps  réel de manière collective. Auparavant, en 19997, il avait développé un outil qui s’appelait le Piano graphique qui est un moteur qui permet d’assigner du son et des images à une touche de son clavier pour pouvoir ensuite composé et joué en temps réel d’une pièce interactive et audiovisuelle en ligne. […]

Quand j’ai vu ça, je me suis dit qu’il y a quand même des gens qui sont pas dans le secteur marchand qui inventent avec un niveau de programmation excellent et qui ont envie d’aller vers les gens […] « 

 

Du livre à la révolution numérique : de l’usager consommateur à l’usager acteur

« Donc, immédiatement quand je suis arrivé au Labo², je l’ai contacté, car je devais répondre à une problématique interne qui était : Comment montrer qu’il n’y a pas de rupture entre la révolution du livre porté par l’imprimerie et celle du numérique ? 

Au XVIe siècle, avec l’arrivée de l’imprimerie, il y a eu une grande période ou le libre s’est cherché dans ses usages, dans ses formats et aussi par le type de message qu’il a apporté aux gens. Finalement, 500 ans plus tard, on revit ce même type de révolution dans les médias numériques. On s’inscrit dans un temps long de l’évolution des histoires et de l’évolution des supports. Par contre ce qui a vraiment changé, c’est le passage d’une personne consommatrice à une personne actrice. 

Aujourd’hui, le public va mobiliser les ressources pour fabriquer son propre savoir. La connaissance pour moi c’est un savoir incarné, car on en a fait l’expérience. Il y a un côté plus pratique. Ça rejoint justement les problématiques des nouvelles matérialités pour lesquelles il faut trouver des espaces pour que les gens puissent s’en saisir et pratiquer. C’est là, la différence avec les lieux culturels qui ont une approche de diffusion. Par exemple, quand vous allez dans un musée, on ne propose pas forcément d’y apprendre à peindre pour ça il faut aller dans une école. Là au contraire, c’est d’associer les deux. Il y a des théâtres qui le font, mais pour les cultures numériques c’est plus compliqué, parce qu’on a besoin d’avoir la légitimité de l’économie. « 

“Les outils développés en interne par le Labo² sont pensés pour le public final ( les usagers de la bibliothèque) et le public intermédiaire (les médiateurs). Avant, je s’essoufflait un peu, car j’allais tout le temps vers le public final. C’était du “one shot”. Je voulais avoir un effet démultiplicateur. C’est-à-dire ce que je fais pour 10 personnes je devraient pouvoir le faire pour 100 personnes et avoir des outils qui permettent de s’économiser du temps. Mais, surtout des outils qui puissent être récupérés par les autres. »

Alexandre Simonet – Labo²

Les projets du Labo² [19:26] 

L’Escape Game numérique de Nîmes Open Games Art (Noga)

Nîmes Open Games Art (Noga) est un événement intergénérationnel qui à lieu tous les ans au mois de décembre pour explorer les relations entre le jeu vidéo et la création numérique. Comment l’artiste numérique peut se positionner comme un médiateur ? […]

Il y a beaucoup d’artistes numériques qui détournent les codes du jeux vidéo pour le transgresser et le faire évoluer pour faire passer un certain nombre de messages. […]

Pour les 20 ans de Carré d’Art, j’ai pu mobiliser un certain nombre de moyens et un budget : Qu’est ce qui pourrait réunir le public, les artistes et les médiateurs ? Le jeu vidéo est un média intéressant parce qu’il est utilisé par les trois donc tout le travail d’acculturation est déjà fait. Par contre, ce que je voulais montrer c’est que pris dans différents contextes autres que celui de l’industrie, il va y avoir des débouchés en termes d’usages. Donc, c’est pour ça qu’à chaque fois on met une thématique différente et qu’on fait un état de l’art dans chaque domaine d’activité. Comment le jeu vidéo avec les autres arts peut s’inscrire dans des formats libres ? […]

C’est à la fois de l’évènementiel, du créatif et du pédagogique. Pour le jeune public, qu’est ce qu’on peut trouver comme type de médiation qui défendent à la fois les aspects pédagogiques et d’accompagnement des publics ?  

Comment est ce que finalement on fait passer un certain nombre de messages des enfants et qu’on leur donne la main aussi sur les outils ? On à conçu l’escape game avec Delphine Griffe qui travaillent à la Canopée du Gard. C’est elle qui à créer le  scénario pédagogique. On l’a aussi testé dans d’autres contextes comme le milieu scolaire. On s’est aperçu que ce ce mode d’éducation par les contenus numériques permet aussi d’aborder des problématiques autre que juste la technique ou la technologie, mais des enjeux sociétaux. On à vraiment réussi à faire du mixage social. […]

On a aussi collaboré avec Christophe Blanc et Jean François Oliver, deux artistes numériques pour imaginer un programme qui permet de faire évoluer la  scénographie en fonction des réponses apportées par le public. On a envisagé cet Escape game comme une résidence d’artistes. Il était là en permanence pendant 3 semaines. C’est une vraie coproduction ! […]

 

Impact en interne et pérenniser les outils d’appropriation du Labo² [27:00]

Le Labo² fait partie de la bibliothèque, mais aussi du Pôle développement économique […], Le Labo² ne doit pas être trop éloigné des publics et du personnel par ces aspects de prospective […]

 

Géoproject et la bibliothèque créative [29:40]

« Géoproject est un outil inventé par le Labo² et qui permet à des usagers de la bibliothèque de pouvoir raconter des histoires en s’appuyant sur la création  d’une carte. A partir de la carte, on peut  publier du son de la vidéo, du texte tout en gardant une trame de narration et de récit. Globalement, ils peuvent raconter leur territoire. […]

On a choisi la carte numérique, car ell e à un côté fédérateur. Tout le monde, c’est ce que c’est qu’une carte classique et s’attendent retrouver un  certain nombre d’informations. Mais, le fait de pouvoir raconter des histoires sur une carte apporte un peu d’épaisseur et du contenu qui vient du territoire sur un système d’information. Ce que je voulais c’est ramener de la réalité, du quotidien et du sociale à travers la carte qui devient alors un élément fédérateur de territoires qui sont géographiquement isolés et éloignés. […]

Tous  les outils qui sont développés à travers  le gps, la géolocalisation et avec l’arrivée de Google Earth qui permet d’annoter le monde, me fait dire que le public est intéressé par ce type d’outil. Sauf que moi dans une bibliothèque,  il faut que je trouve un levier qui me    permettent d’aborder toutes les problématiques lié à l’édition d’édition transgenre, c’est à dire l’édition transmédia. Comment est-ce que  ces outils qui permettent d’annoter le  territoire je les donne à mes publics ? […]

Donc, en 2008 il n’y avait pas grand chose qui existait en la matière. En partant du prototype, j’ai vu le potentiel des gens qui vous lui qui  voulait utiliser cet outil là pour raconter leur projet qui souvent avait un lien avec le territoire. […]

Le premier acteur du projet à été l’association Labo Média de Orléans, il avait déjà développé un outil qui s’appelle Méta Map. Mais, c’est un peu compliqué à prendre en main pour du grand public. Donc, je leur ai redit que ça sera intéressant qu’on puisse avoir cette logique d’édition sur la carte, mais qu’on puisse le faire avec un outil qui est vraiment utilisé par les gens. Donc je leur ai proposé de faire avec wordpress qui représente ¼  de l’édition mondiale. Donc qui me garantissait d’avoir une communauté d’usager et de développeurs.  […]

Labo Média à développer une première version, puis on à voulu aller un peu plus loin sur les problématiques plutôt liées à l’éducation aux médias.  C’est -à-dire le grand retour du texte. Alors que beaucoup donnait l’écrit et la  lecture en déclin on s’aperçut que c’est exactement l’inverse qui se passe sur le web, avec le retour du texte long et du long format. […]

C’est  intéressant si associe le documentaire long format avec Géoproject, car on va pouvoir travailler sur géoreportage. C’est comme ça qu’est née la deuxième version le Géoproject qui permet de créer des petits webdocumentaires sur la forme de longs formats. […]

Les objectifs de la nouvelle version qui va sortir, c’est d’intégrer profondément la pratique du récit cartographique à la bibliothèque. Ce qui a été vrai pour le public le devient aussi pour les bibliothécaires. C’est-à-dire qu’ils ont des besoins en termes de médiation. […]

C’est ce que j’appelle la bibliothèque créative : Comment le public est accompagné pour construire le savoir qu’il va l’utiliser pour le transformer en connaissances, puis en expérience ? Comment tout ça va nourrir la personne ? […]

Commence on permet à des gens qui utilisent énormément de livres, de disques et de médias et qui ont envie d’en parler d’avoir des débouchés dans le système d’information actuel ? […]

On a des catalogue pour trouver des livres, mais pas d’espaces qui permettent d ‘éditorialiser le contenu. C’est une autre manière d’aller rencontrer le public. « 

 

Les suites : de la communauté à la ville [37:20]

« Tout comme le designer social, le Labo² cherche à apporter des solutions à des enjeux société en mettant en œuvre de nouvelles approches en collaborant avec des acteurs du territoires (ex : institutions, artistes et associations…) »

Alexandre Simonet – Labo²

Conclusion [39 :00]

Vision du métier : une cellule de liberté 

 » Le côté individuel et psychologique joue énormément […], mais on passe par des gros doutes. Du coup, ce qui peut être assez délicat, c’est que comme on crée une spécificité, une singularité dans un contexte ultra normé et hiérarchisé, le gain de liberté le gain de liberté qu’on n’à pu  trouvé en imaginant des solutions peut vite se transformer en prison car ça ne se fait pas ailleurs.

[…]

Par le biais des réflexions qui peuvent être engagées par les designers sociaux notamment dans la définition des nouvelles politiques publiques, du coup tout ça c’est finalement permettre une conscience de tous ses  enjeux au niveau des  hiérarchies et  des cadres qui vont peut-être se dire que finalement il faut créer des espaces de liberté à l’intérieur de nos organisations. Dans le monde de l’entreprise, c’est exactement la même histoire. « 

 

Conseils : Trouver sa voie, prendre des risque et prototyper [42:30]

« Je leur conseille de trouver leur voie en bénéficiant des expériences des autres et de réfléchir à son projet personnel et à son statut professionnel. […]

Si je n’avais pas pris de risques et que j’étais allé demander une validation pour faire tel ou tel projet, il m’aurait dit non. Il faut d’abord suffisamment, c’est pour ça que le  prototypage est intéressant parce que du coup ça permet d’avoir une matérialité. On ne reste pas dans leurs discours  très longtemps, ça  provoque l’adhésion ou le rejet. Si ça a provoqué l’adhésion, on peut aller un peu plus loin. Le deuxième effet du prototypage est l’adhésion du groupe, c’est-à-dire que le groupe qui va prendre en main le projet. Donc, ça irrigue la bibliothèque et c’est un processus qui s’installe. Après, il faut  le canaliser et le réguler, mais au moins on à une première adhésion. « 

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