Carnet de recherches n°1
Je rédige actuellement un mémoire sur « Les enjeux du livrable dans la valorisation et l’appropriation du projet : vers une narration transmédia des démarches de design de service public ». Avant d’aller plus loin, je cherche à définir la notion de livrable et son rôle en m’appuyant sur les pratiques des designers.
Si vous avez quelques minutes, n’hésitez pas à répondre aux questions dans les commanditaires. Ainsi, vous participerez à l’élaboration d’une définition collective du livrable, à la transmission des savoirs et à la valorisation de notre métier.
Atelier Design my Job : Trouver un emploiPlan des articles du carnet de recherches
Carnet de recherches n°1 : Définition collective du livrable
Carnet de recherches n°2 : Classification des outils du designer
Carnet de recherche n°3 : Les livrables du designer de service public
Qu’est-ce qu’un livrable ?
Quel est le rôle du livrable dans une démarche de design ?
Quelles catégories de livrables pouvez-vous distinguer ?
Y a-t-il un intérêt à repenser la conception du livrable ?
Question bonus (hypothèse du mémoire) : Que se passerait-il si l’on scénarisait l’expérience* du livrable final ?
* concevoir un scénario d’usage et d’appropriation du livrable
Parole de designers
Le livrable de synthèse pour le commanditaire et livrable outil pour le designer
« Il y a des livrables que l’on rend par rapport à ce qu’on s’est engagé à donner à un client ou un commanditaire : une étude, un état des lieux, un rapport d’immersion, des guides etc. Ce type de livrable permet de synthétiser ce qui s’est généralement déroulé sur un temps long, il permet de mettre en relation des idées qui ne se sont pas présentées sous ce jour-là au cours de notre recherche. Le livrable doit donner à voir de manière intelligible des éléments qu’on a captés de manière éparpillée. Mais parfois le livrable doit aussi être un support appropriable par le commanditaire, il doit pouvoir l’utiliser, se l’approprier, etc. Dans ce cas, il doit être pensé comme un outil qui permet d’ouvrir la suite ou de passer le relais. Le livrable de fin de mission constitue souvent un peu de deux. »
Anais T. (designer)
Le livrable un marqueur temporel du projet en design
« Si le livrable ne sert qu’à clore une phase, alors il ne sert à rien dans le processus de design. C’est un exercice scolaire. Le livrable est la matière première de la phase suivante, il doit servir d’outil dans la démarche, à la fois en synthétisant les éléments recueillis lors de la phase précédente mais également en les mettant en forme de manière intelligible pour servir de base dans la phase suivante. Le livrable permet de faire des choix parce qu’il marque une étape dans le processus du projet. »
Anais T. (designer)
Les catégories de livrable
« Le rôle de la narration dans le livrable final essentiel, car on parle d’expérience et d’humain. Il y aura forcément dans notre manière de raconter les choses du récit. Bien souvent, le livrable clôture un projet, il permet d’expliquer les différentes étapes : la commande, les ateliers, les préconisations et les recommandations pour la suite. Un livrable ça synthétise la méthode du projet et donne des ouvertures. Il y a trois niveaux de livrable :
– le premier niveau : le livrable comme outil de médiation entre le commanditaire et le prestataire clôture la mission et d’explique ce qu’on a fait.
– le deuxième niveau : le livrable comme outil pour le designer pour synthétiser, comprendre, prendre du recul et aller rechercher des éléments.
– le troisième niveau : le livrable qui va servir en interne pour le commanditaire et lui servir à faire la preuve de la méthode et de raconter à ses supérieures et collègue ce qui s’est passé. »
Emma et Sophie (designers)
Le livrable vidéo
« Quand on doit faire une présentation ou expliquer notre travail, une courte vidéo est très efficace. C’est un support de restitution très riche. Au lieu de montrer beaucoup de photos des ateliers, là dessus il y a tout : la cliente qui explique pourquoi elle a voulu faire ses ateliers, nous pendant les ateliers ce qui montre bien comment on travaille et les personnes impliquées parlent de ce quelle ont vécu pendant le projet. Dans le cadre d’un autres projets, on a travaillé avec un vidéaste pour rendre compte de la démarche. Il a fait un petit film avec des interviews sur chacune des étapes du projet. C’est un livrable très utile pour discuter du projet avec le commanditaire. Par exemple, quand on va sur le terrain on montre le petit film de la session d’avant pour expliquer à quoi ça va servir. »
Emma et Sophie (designers)
Atelier Design my Job : Trouver un emploi
écrit par Erika Cupit– Designer de service public
2 commentaires sur “Définition collective du livrable”
Bonjour Erika,
Je réponds à tes questions ci-dessous :
Qu’est-ce qu’un livrable ?
Un livrable est un objet mémoire qui permet de rendre compte d’un travail réalisé sur plus ou moins long terme. Il peut-être à destination de différentes parties prenantes dans un projet (le commanditaire, le client, les partenaires, les financeurs, l’équipe de travail, les usagers du projet, etc.).
Le livrable ne suit pas de règle de construction, de fond et de forme particulière, car il est propre à chaque projet et à chaque objectif de rendu. Le livrable que je nommerai « objet mémoire » est très souvent constructible qu’une fois que l’on a suffisamment de donnée et de prise de distance pour l’imaginer sous sa meilleure forme. Un livrable est comme un objet de design, il doit être pensé pour mettre en valeur le plus justement possible un projet à destination d’un usager qui ne connait peut-être pas lui-même le projet. L’usager doit pouvoir alors se l’approprier facilement, le comprendre et si besoin le transmettre à son tour.
Quel est le rôle du livrable dans une démarche de design ?
Dans une démarche de design, le livrable « mémoire » a pour but de venir expliquer le travail de fond réalisé sur plusieurs mois qui est parfois imperceptible par les parties prenantes du projet. Il permet de façon condenser, de mettre en lumière les différentes données sensibles, les résultats, les outils crées et utilisés au court des différentes phases d’un projet. Il retrace un travail dans sa globalité et expose les différentes données récoltées, la façon dont ça a été mis en place, les résultats qui en sont ressortis, les analyses sous-jacentes, les outils utilisés, les objectifs de travail, les choix qui sont opérés, etc.
Le livrable rend compte d’un grand nombre d’éléments qui font le projet, étape par étape. Il retrace ses tenants et aboutissants.
Plus particulière dans une démarche de design, il met en lumière ce qui ne se voit pas, mais qui a pourtant permis cet aboutissement final. Il expose une méthodologie de travail, il met en valeur les usagers du projet, il est transparent et expose les outils utilisés, les démarches empruntées, les résultats écartés, les étapes de création d’un objet, etc. Dans une démarche design, il est d’autant plus attendu que notre travail est parfois difficilement compréhensible par des usagers qui ne travaillent pas dans notre domaine. Il doit pouvoir être compréhensible, utiliser un langage commun à tous.
Quelles catégories de livrables pouvez-vous distinguer ?
Il peut tout aussi bien prendre la forme d’un carnet (livrable mémoire) qui résume un projet dans sa globalité (livre blanc, documents, bilan global), mais il peut aussi être un objet tangible résultat d’une production attendu (objet, service, produit, espace, etc.) qui attend de pouvoir être utilisé, manipuler, tester, mais aussi être ajustable, modifiable par les personnes qui la reçoivent.
L’importance du livrable est dans sa transmission. Il doit pouvoir être facilement mobilisable pour par exemple : aller chercher de nouveau financement, pour être manipulé par différentes personnes qui n’était pas acteur du projet, être modifiable facilement et réutiliser dans un autre contexte que celui imaginé si besoin, etc.
À savoir que chaque livrable ne sera pas destiné aux mêmes personnes. Les bilans financiers sont des livrables qui n’ont pas pour vocation à être divulgués largement par exemple.
Il peut également y avoir des livrables intermédiaires qui marquent l’avancée dans un projet à un moment T. Ce même livrable pourra ensuite être modifié dans sa forme et dans son fond et enrichi lors de sa conception finale.
Y a-t-il un intérêt à repenser la conception du livrable ?
Il serait peut-être intéressant de voir les similitudes qu’il peut y avoir entre différents livrables et si similitude il y a, d’imaginer une notice pour aider à la conception d’un livrable « universelle » ?
Je ne suis pas certaine de sa pertinence, mais peut-être qu’une base de données mettant en valeur différente livrable pourrait permettre à certain de valoriser différemment leur projet, de rendre plus facilement de leur travail, mettre en valeur cet objet, etc. Pourquoi pas.. Il est peut-être intéressant de voir ce qui est garder ou à l’inverse ce qui est transmis et les raisons qui nous pousse à partager certaines choses et pas d’autres.
Je pense également au livrable intermédiaire que nous avons réalisé sur le projet LRDA. Il est très détaillé et est à destination des parties prenantes actives du projet. Cependant dans sa forme finale, il sera moitié moins volumineux et à destination d’un large public. Il faudra alors synthétiser l’ensemble et supprimer des données sensibles.
Question bonus (hypothèse du mémoire) : Que se passerait-il si l’on scénarisait l’expérience du livrable final ?
L’expérience du livrable final ? Je ne suis pas certaine de comprendre la question. Est-ce l’expérience en termes de conception ? L’expérience en termes de rendu (forme) ? L’expérience en termes de réception ? (Le destinataire et la suite)
J’espère que ça pourra un petit peu t’aider. S’est un peu le fouillis mais la fabrication d’un livrable (et non son résultat) aussi, alors je crois que ça correspond bien à toutes ses questions ;).
A bientôt,
Qu’est-ce qu’un livrable ?
Je n’ai pas un parcours universitaire classique dans le design. Quand j’ai commencé le MASTER DIS j’ai découvert le mot livrable et je me suis dit « Tiens ça doit être ce qu’on livre ». En science politique on rend des enquêtes ou une étude (le document qui va présenter le sujet d’étude, la méthodologie, les données récoltés et leur tentative d’interprétation) ou un mémoire. Dans le milieu culturel, l’opérateur crée des projets il réalise des prévisionnels et différents dossiers de présentation de projet, la réalisation du projet est en soit une sorte de livrable qui prendra différentes forme selon le champs artistique ou culturel spécifique mais qui surtout entrera dans un ensemble de supports (voir même un écosystème de livrables). Et là particularité du milieu c’est que sera livré le compte-rendu, le bilan, ou le rapport d’activité qui conditionnera la poursuite du projet s’il a lieu d’être (exemple le Partage d’expérience de BDP). Autre particularité du milieu c’est qu’il n’y a pas uniquement une relation designer-commanditaire dans la notion de livrable mais concepteur du projet culturel-artistes-public-partenaires-financeurs etc… Et dans l’absolu dans une commande de design il y a une pluralité d’acteurs et le livrable dépasse la relation designer-commanditaire. À partir de mon expérience dans le milieu culturel, je pense que le livrable concerne de manière général la démarche de projet en général. Là où il y a projet, il y a livrable.
Quel est le rôle du livrable dans une démarche de design ?
À l’issu de cette première année de Master je ne suis pas sentie trop perdue dans cette nécessité de produire des livrables parce qu’ils sont alors des supports de travail qui rendent compte du travail mené, mais aussi qui facilite le travail de hiérarchisation des données et informations récoltées qui s’accumulent trop facilement. C’est une étape nécessaire, qu’ils arrivent en fin ou en milieu de projet.
Y a-t-il un intérêt à repenser la conception du livrable ?
La question serait comment et pourquoi ? En soit le livrable n’est-il pas sans cesse repensé en fonction de chaque projet ? Tous types de livrables ne conviennent pas à tous types de projets. Ce n’est pas une conception figée et heureusement. Peut-on repenser quelque chose qui est repensé d’office en permanence ?
Question bonus (hypothèse du mémoire) : Que se passerait-il si l’on scénarisait l’expérience* du livrable final ? L’expérience serait certainement très intéressant, à voir…