Recherche en design sur les ateliers de co-création | 9 mois | Année : 2018 |
La création de valeur par le design dans les ateliers de co-création : comment valuer (évaluer et valoriser) les moyens mobilisés dans le processus de design : les artefacts cognitifs, les objets intermédiaires et les objets frontières.
Plan des articles du mémoire
Introduction & Résumé du mémoire
Méthodologie & Processus de recherche
Extrait n°1 : les typologies d’ateliers de co-création
Extrait n°2 : Les moyens d’un atelier de co-création
Extrait n°4 : Expérimentations
Macro-projet : Les apports des effets inattendus des moyens dans un atelier de co-création
Résumé du mémoire
De la valeur de la contribution à la valeur de la rétribution
Ce mémoire de recherche en design interroge les pratiques de co-création et de design participatif au travers de la valeur qu’ils créent. Ces approches du design sont fortement plébiscitées au sein de la société et se développent aussi dans les collectivités. En intégrant la contribution des participants, les ateliers de co-création remettent en cause le modèle traditionnel d’attribution de la valeur. Ces derniers sont à la fois (é)valuateur, source de valeur et à la recherche d’une rétribution par la pratique. Si l’atelier de co-création crée de la valeur, il devient plus difficile de la percevoir, ainsi que ses effets tant elle semble se dissoudre dans la complexité de l’activité de production. Ceci constitue une des raisons, qui fait que l’attribution de valeur devient problématique et ne va pas de soi.
D’autre part, les moyens utilisés et produits (schémas, maquettes, cartes…) dans l’atelier de co-création participent à cette ambiguïté, puisqu’ils sont tout à la fois les résultats de cette activité (sans être pour autant marchand) et des éléments de ce processus. Par conséquent, comment valuer (évaluer et valoriser) la valeur produite dans ces ateliers, tant du point de vue de ses moyens employés et élaborés que celui de ses résultats finaux ?
Introduction
Depuis quelques années, la dimension collaborative et expérientielle est de plus en plus recherchée dans notre société et plus particulièrement dans le monde du travail. Il en émane une recherche d’efficacité, d’innovation et d’empowerment. Ce besoin se traduit par la démocratisation de formats créatifs et participatifs ouverts à différents publics, qu’on appelle des ateliers de co-création et que l’on retrouve notamment à la Région Occitanie, au Grand Lyon, à Pôle Emploi… Cette démarche de design réunit un groupe d’individus pour créer, échanger et pratiquer ensemble une activité dans un but précis et un temps donné. Dans certains cas, le public, les usagers, les partenaires et/ou les salariés sont inclus dans le processus de design. Il s’agit alors de co-construire ou de “co-designer” un dispositif ou un service afin de mieux répondre aux attentes des usagers.
Bien que fortement plébiscitée, par les institutions, cette pratique du design dit “participative” ou “collaborative” entre en confrontation avec des formats plus traditionnels comme les réunions. Ces dernières sont jugées moins performantes, voire archaïques et “le reflet d’un management descendant”. Poussés à leur paroxysme, les ateliers de co-création s’inscrivent dans une logique de “management libéré” où le “travail en mode projet” agit comme support du Design des instances ou Design des politiques publiques. Ce faisant, cette pratique du design, et donc le modèle de l’atelier de co-création, devient paradoxalement une injonction. Il s’agit dès lors de déterminer sa véritable valeur au risque de passer pour un effet de mode ou un gadget et d’en légitimer l’usage. Ainsi, est-ce que l’atelier de co-création produit véritablement de la valeur ? Si cette valeur existe, quelle(s) est (ou sont) cette (ou ces) valeur(s) ? Quelle est la valeur de cette (ou ces) valeur(s) ?
Actuellement, la question de la valeur produite par le design a principalement été interrogée au regard du résultat, notamment sous un angle quantitatif et compétitif. Par exemple, le Design to cost a comme valeur la rentabilité alors que le Design to value a celle de l’utilisabilité dans l’expérience utilisateur. En effet, le design a toujours été travaillé par la valeur et la produit. La valeur est présente dans les produits marchands comme dans la conception (analyse, situation, expertise…). Par exemple, le Design Thinking propose des valeurs comme la viabilité, la désirabilité et la faisabilité, ainsi que des valeurs économiques. Toutefois, est-ce que ces valeurs peuvent être appliquées aux ateliers de co-création ? Faut-il revenir à un design traditionnel ou doit-on reconnaître une pertinence à ces ateliers concernant la production d’une valeur ?
En s’incarnant dans les ateliers de co-création, le design participatif inclut les participants dans la création de valeurs. Ces derniers par leurs contributions participent à la production de la valeur. Alors, il devient plus difficile de percevoir cette valeur, ainsi que ses effets tant elle semble se dissoudre dans la complexité de l’activité de production ou de création. Ceci constitue une des raisons, qui fait que l’attribution de valeur devient problématique et ne va pas de soi. D’autre part, les moyens utilisés et produits (schéma, maquettes, cartes…) dans l’atelier de co-création participent à cette ambiguïté, puisqu’ils sont tout à la fois les résultats de cette activité (sans être pour autant marchand) et des éléments de ce processus. Par conséquent, comment évaluer la valeur produite dans ces ateliers, tant du point de vue de ses moyens employés et élaborés que celui de ses résultats finaux ?
En somme, l’atelier de co-création semble créer d’autres valeurs que celles économiques pour les participants et la structure qui le porte. Le problème ou le nœud dilemmatique entre un design participatif et un design traditionnel est donc la valeur : y a-t-il réellement une valeur dans ce design participatif ? Si oui, en quel sens devons-nous l’entendre ? Cela interroge donc la valeur et par voie de conséquence la valuation comprise comme le travail de définition, d’analyse et d’évaluation des éléments qui participent à la création de valeurs, notamment dans le processus de design. Nous chercherons donc à déterminer l’existence ou non de valeurs dans les ateliers de co-création. Pour cela, nous étudierons les moyens mis en œuvre dans le processus de design permettant la réalisation de l’objectif, car si cette valeur existe, ils participent à sa production.
Plan du mémoire
Le premier chapitre définira le terme de valeur ainsi que ses mécanismes d’attribution, en vue d’expliciter le rapport design-valeur. Le deuxième chapitre analysera quant à lui les typologies d’ateliers pour mettre à jour les facteurs de production et de détermination de valeur ainsi que les moyens mobilisés. Enfin, le troisième et dernier chapitre procédera à une valuation de l’atelier de co-création lui-même.
Les 10 notions-clés du mémoire
Atelier de co-création, artefact cognitif, objet frontière, objet intermédiaire, valeur, évaluer, valoriser, contribution, rétribution, intelligence collective et facilitateur.
Mémoire de recherche en design écrit par Erika Cupit