Les différentes utilisations de la facilitation graphique dans le milieu professionnel : de la prise de notes illustrée à la collaboration visuelle

Introduction : Pourquoi avoir recours à la facilitation graphique dans le monde professionnel ?

Vous avez entendu parler du concept de facilitation graphique, de communication visuelle, de scribing, de sckenoting ou encore de management visuel ? Vous vous demandez de quoi il s’agit ? À quoi sert la facilitation visuelle ? Comment utiliser le dessin dans le domaine de l’innovation sociale ?

Qu’il s’agisse de facilitation graphique, de communication visuelle, de scribing, de sckenoting ou encore de management visuel, ces approches désignent la création de visuel pour soi-même ou pour les autres ayant pour but de faciliter un processus de pensée. Il peut s’agir de temps individuel ou collectif. Elle permet de simplifier, synthétiser, documenter et de valoriser des réflexions. Certaines personnes effectuent des distinctions entre ces différents termes, mais pour simplifier les choses nous les utiliserons comme synonyme au sein de l’article.

D’un point de vue général, il a deux grandes familles de sckenoting : la facilitation visuelle pour soi-même et la facilitation visuelle pour les autres. Les objectifs diffèrent selon comment vous souhaitez l’utiliser. Par exemple, vous pouvez communiquer au travers de visuels pour schématiser votre pensée, préparer un projet ou dans le cadre d’une collaboration avec d’autres personnes. Selon le contexte et le nombre de participants cette approche se rapproche plus ou moins d’un travail de médiation pour co-construire un projet.

La facilitation graphique est donc une approche intéressante dans de nombreux domaines. Elle permet de soutenir l’élaboration d’un projet en favorisant l’émergence d’une pensée claire et partagée entre les différentes parties prenantes. Savoir maîtriser la communication visuelle sera un atout pour questionner des problématiques complexes, établir une vision et également dans les phases d’idéation d’un projet.

Dans cet article sur les différentes utilisations de la facilitation graphique, vous pourrez en apprendre plus sur ce sujet pour mieux vous en saisir au quotidien.

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Plan de l’article

Introduction : Pourquoi avoir recours à la facilitation graphique ?

Contexte n°1 : La facilitation graphique pour soi-même

1.1 – Structurer un projet ou ses réflexions

1.2 – Résoudre un problème ou prendre une décision

1.3 – Préparer un sujet

1.4 – Prendre des notes pour synthétiser une réunion

Contexte n°2 : La facilitation graphique pour, par et avec les autres

2.1 – Animer une réunion ou un temps de travail en équipe

2.2 – Faciliter les pensées des participants d’un atelier grâce à la communication visuelle

2.3 – Réaliser une fresque pendant un évènement ou un séminaire

2.4 – Concevoir un support de communication et d’information

Conclusion

Allons plus loin ensemble

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Contexte n°1 : la facilitation graphique pour soi-même

Pourquoi utiliser la facilitation graphique pour soi-même ? 

Bonne question ! Quand vous effectuez des recherches sur le sujet, assez vite vous voyez des images d’atelier de facilitation ou de temps de travail avec un facilitateur qui réalise une illustration en direct. Vous voyez une personne dessiner une fresque pour résumer ce qui a été dit pendant une conférence ou un séminaire d’équipe.

Effectivement, c’est bien de la facilitation graphique, mais pour un groupe, une équipe ou les participants d’un atelier. La communication visuelle ne peut pas se résumer uniquement à la médiation des échanges entre plusieurs individus. Au contraire, la facilitation graphique est dans un premier temps un outil pour canaliser ses réflexions, prendre des décisions, prendre des notes ou encore préparer un sujet.

1.1. – Structurer un projet ou ses réflexions

Si vous souhaitez utiliser la facilitation graphique pour structurer un projet ou vos réflexion. Vous allez très certainement réaliser un visuel qui se rapproche du mind mapping ou d’une carte mentale. Vous pouvez ajouter des dessins pour illustrer vos pensées, mettre en lien des idées avec des flèches ou jouer avec les tailles des titres pour mieux hiérarchiser l’information. Vous êtes libre d’utiliser la facilitation visuelle à votre guise et selon vos besoins.

A titre personnel, je réalise souvent des cartes mentales pour clarifier mes réflexions et pour concevoir la méthodologie d’accompagnement de mes projets en design.  

1.2 – Résoudre un problème ou prendre une décision

De même, lorsque vous butez sur un problème ou une décision à prendre. Si vous n’arrivez pas à l’illustrer, cela est révélateur du manque de clarté. Si vous constatez que l’illustration est complexe ou très chargée, n’hésitez pas à la retravailler pour simplifier vos propos.

Vous pouvez très rapidement vous servir de la facilitation graphique pour réaliser un arbre à décision pour vous aider dans le choix de votre décision. C’est aussi un bon moyen de créer des arborescences d’idées qui permettent de résoudre un problème. Dès qu’un chemin se ferme vous pouvez en rouvrir un en vous posant une question plus précise ou en explorant le sujet sous un autre angle.

1.3 – Préparer un sujet

Vous pouvez utiliser la facilitation graphique pour préparer un sujet. Par exemple, il peut s’agir d’effectuer la synthèse de vos entretiens avec les usagers, de préparer un pitch pour convaincre votre supérieur, de prendre des notes sur un sujet que vous devez apprendre ou encore de préparer un argumentaire pour présenter votre projet. La communication visuelle s’adapte facilement à une grande diversité de contexte. 

C’est aussi un bon outil pour stimuler votre mémoire visuelle, développer de nouvelles façons d’aborder et de traiter un sujet ou encore vous challenger. Ce dernier point concerne particulièrement, les personnes qui sont très à l’aise avec l’écrit ou l’oral dans la préparation d’un sujet. En expérimentant ou en hybridant plusieurs approches, vous serez plus efficace et apte à communiquer de façon plurielle.

1.4 – Prendre des notes pour synthétiser une réunion

Prendre des notes sous la forme de schéma ou d’illustration est un bon moyen de pratiquer régulièrement la facilitation graphique. C’est une opportunité à disposition de tous, non seulement vous serez plus attentif au discours et en plus vous mémorisez mieux ce qui a été dit. En effet, il a été prouvé par plusieurs études que le dessin participe à renforcer l’écoute et l’apprentissage. 

Ne vous privez surtout pas de cette occasion ! Vous n’êtes pas obligé de partir tout de suite sur des schémas, des illustrations ou des structurations visuelles complexes. Bien au contraire, débuter simplement en ajoutant des pictogrammes dans la marge de votre carnet, puis progressivement en remplaçant / accompagnant des mots par un dessin. 

En pratiquant régulièrement, vous vous rendrez compte du grand intérêt que les autres portes à votre travail. Ils voudront très certainement que vous leur partagiez vos notes, voire même que vous faciliter en direct la réunion d’équipes.

Contexte n°2 : La facilitation graphique pour, par et avec les autres

Pourquoi utiliser la facilitation graphique avec les autres ? 

Comme nous venons de le voir, il y a une grande porosité entre la facilitation graphique pour soi-même et celle pour les autres. Vous pouvez aisément passer de l’un à l’autre selon les contextes.

Ce qui distingue la facilitation graphique réalisée pour des participants ou des spectateurs, c’est que vous allez devoir vous adapter à eux. Par exemple, leurs perceptions du sujet, leurs objectifs, leurs niveaux de compréhension de la facilitation graphique sont autant de paramètres à prendre en compte dans une approche collective de cette pratique. 

2.1 – Animer une réunion ou un temps de travail en équipe

Si vous travaillez dans le domaine de l’innovation sociale, vous serez très vite confronté à l’utilisation de la facilitation graphique pendant vos temps de travail avec vos collègues, les réunions avec l’équipe projet ou les discussions avec votre commenditaire. Il peut s’agir d’une facilitation graphique spontanée (cas n°1) ou d’une facilitation graphique préparée (cas n°2).

Dans le premier cas, vous facilitez spontanément votre temps de travail. Cela ne vous demande pas de préparation particulière en amont. Vous devez juste prévoir quelques feutres et des feuilles au cas où. Vous pouvez également utiliser une tablette, un ordinateur ou un écran interactif pour faire de la facilitation graphique numérique. Par exemple, les discussions s’enlisent et personne n’arrive à trouver une solution au problème, alors vous décidez de prendre votre stylo pour faciliter la compréhension du groupe en esquissant des dessins. 

Dans le second cas, vous avez prévu en amont de faciliter votre réunion. Vous avez donc pris le temps de structurer la session de travail et de définir précisément les objectifs à atteindre. Par exemple, votre supérieure vous demande d’organiser une session de travail. Pour rendre les discussions plus fluides, vous proposez de réunir vos collègues autour de la table en leur donnant à chacun des feutres et des papiers pour illustrer leur proposition d’activités pour l’événement. Après ce temps de réflexion individuelle, vous décidez de faire une mise en commun et de dessiner collectivement la proposition finale.

2.2 – Faciliter les pensées des participants d’un atelier grâce à la communication visuelle

La frontière entre un atelier et une réunion participative est parfois mince. Ces deux formats peuvent mobiliser le même type de posture (ex : animateur, observateur, médiateur…), mais à des degrés différents. Bien souvent une réunion animée avec des outils de facilitation graphique est plus simple à organiser qu’un atelier, car celui-ci demande plus de travail de préparation en amont. C’est pour cette raison qu’un atelier sera beaucoup plus structuré et poussé en terme de dynamique d’intelligence collective et de productions concrètes (ex : idées, maquette, analyse…) qu’une réunion participative. 

Lorsque vous êtes dans une réunion qui favorise l’intelligence collective (ex : tour de parole, rebond sur les idées des autres…), vous êtes soit dans la posture d’animateur de la réunion ou dans la posture de participant :

  • Si vous êtes l’animateur de la réunion vous devez jongler entre la prise de notes graphiques et le déroulé de votre ordre du jour. Pour mener à bien ces deux actions, vous allez plutôt chercher à noter uniquement les points-clés de la réunion pour que tout le monde puisse s’accorder sur une vision commune du sujet (ex : formulation du problème, personne à convier au projet…). Vous pouvez également déléguer le management visuel à un autre participant de la réunion.
  • Si vous êtes un participant de la réunion, vous êtes plus un observateur qui illustre les réflexions des participants et en intervenant de façon ponctuelle. 

Dans un atelier de facilitation visuelle, vous intervenez en tant que médiateur. Vous êtes dans une posture d’écoute et d’empathie de vos participants pour retranscrire et illustrer au mieux leur propos. Si vous souhaitez produire une illustration de grande qualité, cela nécessite que vous soyez en retrait par rapport aux échanges. Il est difficile d’être à la fois partie prenante des échanges et de les illustrer correctement. D’autant plus, lorsque vous souhaitez favoriser le dialogue entre les participants ou que le sujet est complexe. Il est également intéressant de distinguer deux types d’approches de la communication visuelle dans un atelier :

  • Une approche centrale qui place la facilitation graphique au cœur de votre atelier. Par exemple, vous animez l’ensemble de votre atelier participatif avec des sessions de dessins. En amont vous devez prévoir l’organisation de votre session d’intelligence collective pour qu’elles correspondent à vos objectifs : durée, activités, publics, productions….
  • Une approche spontanée et/ou ponctuelle qui utilise la facilitation graphique comme un outil de l’atelier parmi d’autres. Par exemple, vous venez d’effectuer un brainstorming avec vos participants, puis vous décidez de schématiser leurs idées. Vous avez besoin de peu de préparation en amont juste du matériel adéquat.

Ainsi, selon la façon dont vous vous intégrez la facilitation graphique dans vos temps d’intelligence collective votre posture diffère et votre synthèse visuelle sera plus ou moins détaillée.

2.3 – Réaliser une fresque pendant un évènement ou un séminaire

Lorsque la facilitation graphique est utilisée pour documenter un événement tel qu’un séminaire ou une conférence, vous intervenez comme “scribe” pour réaliser un compte-rendu graphique et attrayant. La particularité de cet exercice est de nécessité une bonne capacité d’écoute, mais surtout de structuration des propos d’un intervenant ou de participants pendant un temps long. 

Pour vous aider, je vous invite à vous renseigner sur les points suivants :

  • Objectif : Dans quel contexte intervenez-vous ? Quels sont les enjeux à attendre ?
  • Sujet : Quel est le titre de la conférence ? Quels sont les sous-thématiques abordées ? 
  • Publics : À quel public s’adresse votre support (ex : expert / novice, enfant / adulte…) ?
  • Durée de l’événement : Combien de temps allez vous faciliter l’événement ?
  • Lieu : Quel est l’espace à votre disposition ? Est-ce que vous serez bien placé pour tout bien entendre ?
  • Format et technique : Est-ce que vous allez utiliser la facilitation graphique numérique ou sur papier ? Quel sera la taille de votre support ?
  • Collaboration : Serez vous seul à faciliter ? Est-ce qu’il y à un deuxième facilitateur ? Est-ce que vous allez vous relayer ? Est-ce que les participants au séminaire participent à l’élaboration de la fresque ?

Plus vous en saurez sur le contexte d’élaboration, plus vous pourrez préparer au mieux votre temps de facilitation graphique. 

2.4 – Concevoir un support de communication et d’information

La facilitation graphique est très utilisée comme support de documentation, d’information et de valorisation d’un projet, d’une réflexion ou d’un événement. En facilitant la compréhension d’un sujet, elle constitue un support de communication idéal et très puissant. Il faut cependant s’assurer que le visuel est bien adapté au public. 

Imaginons que vous réalisiez une synthèse de votre réunion d’équipe, cette dernière a pour vocation d’être transmise à votre équipe projet. Enthousiasmés par votre support graphique, les participants de la réunion décident de la diffuser plus largement. Mince ! L’engouement autour de votre visuel n’est pas partagé. Pourquoi ? Vous avez certainement conçu une synthèse très efficace pour les personnes qui ont participé à la réunion, mais elle n’est pas adaptée pour ceux qui n’ont pas pu suivre cette dernière (ex : présence d’abréviations, peu de texte, jargon…). 

Pour vous prémunir de ce désagrément, vous pouvez vous assurer en amont des personnes à qui est destiné votre support de communication. En cas de doute, essayer de prévoir un support compréhensif intuitivement sans nécessité d’explication. 

Enfin, lorsque vous utilisez la facilitation visuelle comme moyen de communication cela revient à mobiliser des compétences de design graphique : gestion de la couleur, cohérence de la typographie, structuration de la page, hiérarchisation des textes… Ces points seront abordés dans l’article suivant “Comment dessiner pour faire de la facilitation graphique ?”  (à paraitre)

Conclusion

Allons plus loin ensemble

Convaincu par le concept de facilitation graphique, de communication visuelle, de scribing, de sckenoting ou encore de management visuel  ?

Dans cet article sur les différentes utilisations de la facilitation graphique dans le milieu professionnel, nous avons pu évoquer des contextes variés pour mettre en œuvre la facilitation graphique. Vous pouvez débuter dès à présent en l’utilisant pour vous-même, puis progressivement pour les autres. Il faut y aller progressivement lorsque vous débutez pour prendre le temps d’être à l’aise avec cette pratique et vous détacher du regard des autres et de son propre regard. Ne soyez pas trop critique avec vous-même. Ce qui compte ce n’est pas de faire de beaux dessins, mais d’être compris de soi-même et de son public. En utilisant régulièrement la facilitation graphique dans votre travail, vous progresserez rapidement, stimuler votre créativité et communiquerez mieux avec les autres.

Témoignage : Design & facilitation graphique

“ Si cela peut vous rassurer, je débute également dans le sketchnoting, car en design nous dessinons pour représenter des concepts et pas nécessairement dans une optique de médiation. 

Pour concevoir des projets en design et en innovation sociale pertinents, j’avais besoin de co-construire avec les usagers. Je ne pouvais pas passer trop de temps à illustrer leurs réflexions, il fallait aller vite et au plus simple. J’ai donc peu à peu pu me détacher de cette vision du dessin très académique. 

J’ai pu assumer de devenir facilitatrice plutôt qu’artiste. La facilitation graphique a été une vraie libération dans ma pratique du design. Auparavant, j’étais souvent bloquée par le souhait de vouloir représenter fidèlement la réalité. Je passais des heures à redessiner, affiner et retravailler sans cesse mes productions. 

Maintenant, j’assume de faire des bonshommes bâtons plutôt que des silhouettes étoffées et modelées à la perfection. Sans le savoir, cela m’a permis de développer plusieurs styles de dessin : les pictogrammes pour la facilitation graphique et le dessin réaliste pour la conception de produits, de services, d’espace ou d’interface… C’est devenu un vrai atout dans mon domaine !

Que vous sachiez dessiner ou non, je vous invite à vous lancer, c’est très salvateur !

Erika – UX designer social

Sélection de livres sur la facilitation graphique

Si vous êtes en panne d’inspiration, vous pouvez utiliser un moteur de recherche d’image, Pinterest ou d’autres plateformes de veille créative. Si vous souhaitez aller plus loin, il existe une multitude de livres sur la facilitation graphique (affiliation) :

Atelier Design my Workshop : Concevoir son atelier de co-création

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